Louis, par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à tous présents et à venir, Salut. Nous avons receu l’humble suplication de Jean Rospide, Jean Pierre Detchart et Joannès Garat du Pays de Soule, faisant profession de la religion catholique, apostolique et romaine, contenant que le vingt et un octobre 1759 les suppliants dinèrent dans un cabaret, au lieu de Montory, avec Jean Capdepou, Adriane Borthery, et la nommée Etchart, sur la fin du jour les dittes Capdepou et Borthery ayant voulu se retirer ches elle, les supliants offrirent de les accompagner, mais elles refusèrent et partirent seulement avec Johannès Gara, l’un des suppliants, Rospide et Etchart, s’étant fait un plaisir de les accompagner partirent peu de temps après et les joignirent au domaine du nommé Etchecopar de Haux. Ils prirent alors tous ensemble un sentier pratiqué par les gens de pied, le long du chemin publicq et malheureusement ils y rencontrèrent les deux frères du dit Etchecopar de Haux, lesquels revenoient d’un moulin avec un cheval chargé de farine qui marchoit dans le grand chemin. Ces deux particuliers eurent la curiosité de reconnoitre les deux filles qui étoient avec les suppliants et pour cet effect, ils s’approchèrent d’elles. Il s’ensuivit une rixe entr’eux et les supliants ; les dits Etchecopar ayant appelé à leur secours, il surveint plusieurs personnes, notament le nommé Hugorry, forgeron, lequel étoit armé d’un baton, dont il frappa Rospide et Detchart, deux des supliants ; dans la chaleur de la querelle, Hurgorry receut aussy quelques coups de baton, dont il descéda le surlendemain. Comme les suppliants de la part desquels il n’y avoit aucun dessein préméditté n’étoient point les agresseurs et qu’ils n’ont fait que se deffandre, ils nous ont très humblement faits suplier de vouloir bien leur accorder nos lettres de grâce, pardon et rémission sur cette affaire.

A ces causes, voulant préférer miséricorde à la sévérité de nos loix, nous avons aux dits Jean Rospide, Jean Pierre Detchart et Johannès Garat, quitté, remis, et pardonné et de notre grâce spécialle, pleine puissance et authorité royalle, quittons, remettons, et pardonnons par ces présentes signées de notre main, le fait et cas tel qu’il est exposé cy dessus avec toutes peines, amandes et offenses corporelles, civelles et crininelles qu’ils ont pour raison de ce encourues envers nous et justice ; mettons au néand tous décrets, sentences et jugements qui peuvent s’en estre ensuivis, les remettons et restituons en leur bonne renommé et en leurs biens, non d’ailleurs confisqués, satisfaction préalablement faitte à partie civille sy fait été et s’il y échoit. Imposons sur ce silence à notre procureur général, ses substituts présents et à venir et à tous autres.

Sy donnons en mandement à nos amés et féaux conseillers les gens tenans notre Parlement de Pau, dans le ressort duquel le fait et cas susdit est arrivé, que ces présentes nos lettres de grâce, pardon et rémission ils ayent a enthériné et de leur contenu faire jouir et uzer les suppliants, pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessans et faisant cesser tous troubles et empêchements contraires ; à la charge par les suppliants de se présenter

par devant vous pour l’enthérinement des présentes dans trois mois, sous peine de nullité d’icelles, et encore de garder prison pendant trois mois. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre scel à ces dittes présentes, données à Versailles au mois de février, l’an de grâce mil sept cens soixante et de notre règne le quarante sixième. Signé Louis, et au reply, par le Roy, Phelippeaux, visa.

Lues et publiées par moy greffier soussigné à l’audiance de Tournelle du mardy vingt huitième avril mil sept cens soixante et un, signé au dos des Lettres, Daugerot.

A.D. Pyr. Alt. B. 5403, F° 121v° à 124r°